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METTRE LA « TECH » AU SERVICE DE LA CHASSE

METTRE LA « TECH » AU SERVICE DE LA CHASSE
L’entrepreneur valaisan François Bonvin vient de développer une application destinée aux chasseurs et à leur sécurité. Portrait d’un jeune nemrod pour qui l’art cynégétique a été une révélation.

Texte de Vincent Gillioz, photos Huntsquad

Même s’il ne chasse que depuis peu, François Bonvin, 36 ans, est déjà un passionné très éclairé du sujet. Il a un blog, un courant lucernois, et a chassé – en plus du Valais où il s’apprête à prendre son quatrième permis – dans plusieurs pays d’Europe.

 

Entrepreneur dans l’âme

Originaire de Crans-Montana, François Bonvin a été élevé en région lausannoise, et a suivi une formation commerciale en Valais avant de rejoindre l’EHL (École Hôtelière de Lausanne). Il a également passé un an en Allemagne à Düsseldorf, avant de revenir dans son Valais d’origine et s’installer à Sion.

Entrepreneur dans l’âme, il a créé sa première société durant ses études, avec un camarade de classe, devenu son associé. Celle-ci a été revendue peu après à un géant du tourisme en ligne. Passionné de tech, il a depuis monté plusieurs « boîtes », faisant toujours valoir ses compétences de marketing, gestion de projet et entrepreneuriales. Il est actuellement responsable digital chez Buchard Voyages, il est également mentor et expert pour la Business Team Academy de la HES-SO de Sierre.

Révélation

Contrairement à de nombreux chasseurs, François Bonvin n’est pas tombé dans ce milieu quand il était petit, mais y est arrivé plutôt sur le tard, peu après ses 30 ans. « Quand je me suis installé en Valais, j’ai fait beaucoup de tir, j’étais donc assez proche de tout ce qui touche aux armes. Au vu de ma formation hôtelière, je suis aussi très intéressé à la gastronomie, et j’ai commencé à m’intéresser à la provenance de ma viande. Je me suis mis en quête d’authenticité par rapport à ça, et je suis naturellement arrivé à la chasse. Je n’ai aucun parent ni ami chasseur mais ça ne m’a pas retenu. Je me suis inscrit à la formation seul, et ça a été un déclic.» 

« Mon père m’a ensuite présenté un de ses amis chasseur, Phillip Zhan, qui m’a emmené, et j’ai vraiment trouvé ce que je cherchais en l’accompagnant. Il a été mon mentor et je lui dois énormément dans mon apprentissage. Dans mon activité professionnelle, je passe pas mal de temps derrière un écran d’ordinateur, pour créer des choses qui ne sont pas toujours concrètes. J’ai vraiment trouvé quelque chose qui me convenait à travers la chasse. J’avais besoin de ça.»

Il passe son permis en août 2020, et enchaîne avec sa première saison en Valais. Dès ses débuts, il participe à toutes les chasses : haute, chiens courants, canards ou renards. Il apprécie tellement cette voie qu’il fait son premier voyage dans les Pyrénées la même année pour prélever un cerf. Convaincu, il poursuit vers d’autres destinations, appréciant la découverte et la convivialité liées à ces escapades cynégétiques : France, Espagne, Bosnie et Croatie…

Chien de chasse

Comme François Bonvin ne fait jamais les choses à moitié, il acquiert après sa première saison un chien courant lucernois. « Ça faisait pas mal de temps que nous voulions prendre un chien avec ma compagne. Nous n’étions pas arrêtés sur la race, et avons discuté avec des propriétaires lors du salon Passion Nature de Martigny. Nous avons été convaincus par les courants suisses, et l’opportunité d’un chiot lucernois s’est présentée. Nous l’avons saisie.» Il rejoint deux ans plus tard le comité du Groupement valaisan de chasse au chien courant, et devient rapidement aficionados du sujet. Son engagement associatif le motive encore à transmettre ses acquis, et il devient, avec Thomas Remondeulaz, instructeur pour formation des jeunes chasseurs valaisans pour la question des chiens courants. « Nous avons repris tout le support de cours, et l’avons remodelé. La transmission fait partie des choses que j’aime, comme dans mon activité de mentor à la HES-SO.»

Synergie de compétences

Poursuivant sa découverte cynégétique, François Bonvin participe à une battue en Alsace, ce qui l’amène à se questionner sur les aspects sécuritaires de l’activité. « J’ai rencontré des difficultés à comprendre si la chasse avait bien commencé, où étaient situés mes camarades et ce qui était en train de se passer. Les messageries instantanées nous permettent de communiquer par moments mais constituent une source de distraction. Ce n’était à mon sens pas suffisant pour bien saisir l’environnement global de la chasse.»

Fort de son constat, il s’attelle à développer une application spécifique, et surtout qui soit utile aux chasseurs pendant les battues. « Sur la période 2021-2022, l’Office français de la biodiversité recensait nonante accidents de chasse au total, dont huit mortels. Parmi ces derniers, six ont concerné des victimes chasseurs. La tendance est à la baisse depuis vingt ans, mais des efforts restent à faire du côté des chasseurs eux-mêmes. Il y a un million de preneurs de permis en France, et 70 % d’entre eux pratiquent la battue. Le potentiel est énorme.»

Après plusieurs mois de travail, il met au point Huntsquad en collaboration avec son réseau et propose une première version bêta qui doit aussi être utile aux chasseurs suisses. L’application a pour mission de rendre la pratique de la chasse plus sûre grâce à un concept basé sur la communication et la localisation des participants. Ses fonctionnalités incluent la création de groupes, la définition des rôles de chacun, la géolocalisation en direct, l’avertissement de présence de gibier, la notification de passage de non-chasseurs ainsi que l’envoi d’alertes en cas de situation de détresse. « Nous visons un millier d’abonnés d’ici la fin de l’année, et une centaine en Valais après la fin de la chasse haute. Cela nous permettra d’avoir passablement de retours sur notre projet.»

Vivre de la chasse

Si son application rencontre le succès prévu, François Bonvin prévoit de créer une structure juridique spécifique, afin d’en faire une affaire commerciale. « La chasse a été un tournant dans ma vie, et j’ai pour objectif de pouvoir en vivre en mettant en avant mes différentes compétences.» Son site internet « Hunt and Eat Well » qui propose des articles de blog et podcasts, rencontre déjà un joli succès. Certains de ses posts ont été vus et commentés par seize mille personnes. Sa vision de ce monde suscite le débat et il s’en réjouit. Huntsquad doit encore favoriser sa visibilité, et pourrait devenir à moyen terme une référence pour la pratique de notre passion. Notez que l’application est disponible au téléchargement via huntsquad.app sur Google Play Store et iTunes Store, moyennant un abonnement annuel de 12 francs suisses. Disponible en français, allemand, anglais, italien et polonais, le projet a de claires ambitions internationales. 

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