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LES  FLEURS  DES ALPES, BIENFAITS, MÊME  POUR  LES CHAMOIS

LES  FLEURS  DES ALPES, BIENFAITS, MÊME  POUR  LES CHAMOIS
Si l’utilisation des fleurs alpines sont bien connues dans de nombreux produits destinés à la consommation humaine, leurs bienfaits sur la faune de montagne méritent d’être rappelés.

Texte et photos de Daniel Girod

Les fleurs des Alpes sont très connues pour leurs utilisations diverses et variées dans de multiples produits destinés à la consommation humaine. Les différentes eaux de vie à base de la célèbre racine de gentiane jaune ou de la non moins renommée inflorescence de génépi, les infusions, les liqueurs ou bien encore les produits cosmétiques, ont largement contribué à forger la réputation de la flore des Alpes. Les plus grands cuisiniers novateurs alpins, dont le célèbre Haut-savoyard Marc Veyrat, tirent désormais la quintessence des saveurs et des parfums si particuliers aux fleurs d’altitude.

Devant tous ces bienfaits, une question peut alors se poser. Si l’homme bénéficie des générosités de la flore de montagne, la faune sauvage en profite-t-elle également ? Deux botanistes de l’Université de Bologne, Carlo Ferrari et Giuseppe Rossi, ont publié en 1995 les résultats d’intéressants travaux menés sur l’alimentation estivale du chamois. Retour sur une publication trop méconnue. 

Une étude très probante

Leur étude, conduite sur trois étés successifs, s’est déroulée dans le parc national des Abruzzes sur une zone vierge de faune domestique. Profitant du caractère peu farouche du chamois des Abruzzes et de jumelles à très fort grossissement, les deux chercheurs ont observé ce que consommaient les chevrées du mois de juin au mois de septembre. Premier constat, le chamois est plus sélectif qu’on ne le pense communément. En effet, sur septante-trois espèces végétales présentes, les chamois observés n’en utilisent qu’une douzaine au mois de juin, puis une vingtaine en juillet, et enfin une trentaine en septembre. Au sein de ce bilan visuel dressé par les deux scientifiques, les fleurs prennent une place très importante puisque pas moins d’une dizaine d’entre elles sont régulièrement consommées par les animaux. On trouve notamment la valériane de montagne, la vulnéraire, la crête de coq hérissée, les séneçons alpin et doronic, le chardon laineux ou bien encore l’anémone alpine. Selon les deux universitaires, toutes ces fleurs, associées aux autres plantes, apportent les sucres, les protéines, le phosphore et les graisses nécessaires aux chamois afin d’affronter les rigueurs de l’hiver. 

 

 

 

Se faire de la graisse

Bien au-delà du fait que les boucs doivent probablement conter fleurette aux chèvres, cette étude montre donc qu’outre les quartiers d’hivernage, la richesse et la diversité floristique des zones d’estive est prépondérante quant au capital graisseux emmagasiné par les animaux en vue de la saison difficile.

Chaque travail de recherche apporte sa modeste pierre à ce colossal édifice sans cesse inachevé qu’est la connaissance des espèces sauvages. Cette étude originale, car basée sur une observation visuelle de l’alimentation du chamois, démontre qu’au-delà des multiples plaisirs visuels et gustatifs apportés à l’homme, la flore de montagne occupe une place essentielle dans la nourriture du chamois.

Le très célèbre docteur Marcel Couturier en parlait d’ailleurs ainsi : « Quand des chamois ou des isards ont découvert une grande pelouse de trèfle des Alpes (Trifolium alpinum), ils en mangent jusqu’à satiété.» C’est donc tout dire sur cette légumineuse. Il ajoute : « Dans les Pyrénées, cette légumineuse dont l’isard raffole est connue sous le nom de réglisse. Cette plante, base de son alimentation, se trouve dans tous les terrains granitiques des Alpes et des Pyrénées.»

 

 

 

 

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