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LA CLÉ DE LA RÉUSSITE AU CHEVREUIL

LA CLÉ DE LA RÉUSSITE AU CHEVREUIL
Le succès en chasse collective du chevreuil dépend essentiellement de l’attitude au poste, qui doit être peaufinée jusque dans le plus infime détail.

Texte de Francis Grange

Les chasseurs qui brillent au chevreuil sont souvent regardés comme privilégiés par la chance. Celle-ci n’intervient cependant en rien dans leur réussite, uniquement due à leur parfaite connaissance de cette pratique et à leur maîtrise de l’ensemble de son déroulement, de l’arrivée au poste jusqu’au tir de l’animal. Il convient de bien s’y préparer, puis de se montrer au meilleur de ses possibilités durant l’action et enfin de dominer pleinement son émotion au moment du tir.     

La sérénité

Le chasseur préoccupé mobilise une partie de son esprit pour tout autre chose que la traque à laquelle il participe. Son attention est altérée. La chasse contribue certes à apaiser, rasséréner ses pratiquants. Mais cela nécessite que le chasseur s’y libère de tout souci. Qu’il se rende entièrement disponible pour elle seule. A l’identique, le chasseur fatigué, en « petite forme », voit ses sens affectés. Il a l’oreille moins aiguisée, l’œil moins affûté. Une nuit de sommeil réparatrice s’impose alors la veille de la chasse. Le jour venu, une alimentation trop copieuse, trop riche en graisse, trop chargée en sucre, voire accompagnée de plus d’un verre de vin, de bière ou d’alcool nuit à la vigilance. A l’inverse un ventre trop creux n’est pas souhaitable non plus. La faim dégrade l’attention. De même, tout ce qui peut amoindrir la concentration à la chasse la compromet. Que ce soit le téléphone mobile apporteur de SMS et autres courriels, ou le talkie-walkie qui grésille juste à l’instant où un animal approche… Enfin, l’inconfort altère les aptitudes du chasseur. S’il pleut, il doit être coiffé, vêtu, ganté et chaussé d’équipements totalement imperméables. Si la température est basse, il faut bien sûr que ces mêmes équipements le protègent efficacement du froid, cela en préservant toujours son bien-être. Il est impossible de chasser correctement en étant engoncé dans ses vêtements. Il convient donc de se doter de veste et de pantalons imperméables, chauds et souples, accompagnés de gants également chauds et néanmoins suffisamment fins pour préserver les sensations des mains, et de chaussants isolant les pieds du froid qui sinon les engourdissent et détournent l’attention du chasseur…

La discrétion

L’odorat, l’ouïe et la vue, les sens permettant à un grand animal de déceler les dangers qui le menacent, sont extrêmement acérés, et tous trois à l’identique, chez le chevreuil. Ils imposent donc une discrétion absolue relativement à chacun d’eux. Se parfumer, même avec une eau de toilette tout à fait légère, doit être proscrit. A l’identique de fumer. Il faut aussi bannir tout son susceptible d’alerter un animal qui se dérobe, tels le bruissement de vêtements confectionnés dans un tissu pas assez silencieux, des cartouches pouvant s’entrechoquer dans une poche sur un mouvement un peu brusque ou une corne susceptible de heurter la crosse du fusil. A l’arrivée au poste, il convient en outre d’écarter feuilles et brindilles sur quelques décimètres carrés afin de ménager un espace silencieux à même la terre pour les semelles des chaussures ou des bottes. Utiliser une corne gainée de cuir ou fabriquée dans un matériau synthétique mat pour éviter tout reflet, et placer un filet de camouflage devant le poste, contribuent également à la discrétion… visuelle bien sûr cette fois. 

L’attention

L’œil se fatigue plus vite que l’oreille. Celle-ci doit donc être privilégiée durant la phase d’attente du gibier. C’est seulement lorsqu’un indice d’approche d’un animal se manifeste que l’œil doit relayer l’oreille pour préparer le tir. Sachant que le chasseur doit se montrer vigilant tant aux indices directs, tels le frottement des poils du chevreuil contre des végétaux, le craquement de menus morceaux de bois ou de feuilles mortes sous ses pattes… qu’aux indices indirects, souvent les plus précieux, comme les cris des oiseaux (merles, geais…) qui précèdent l’animal en mouvement. Cependant, si le vent souffle en tempête ou si la pluie tombe à flots, les yeux se doivent d’assister les oreilles et leur vigilance chute rapidement. Il n’existe malheureusement pas de recette idéale pour lutter contre ces éléments climatiques. Les casques ou les oreillettes électroniques à amplification des sons « utiles », de plus en plus employés, apportent toutefois une aide très significative dans ces conditions particulièrement défavorables…

L’immobilité

Le chevreuil perçoit le moindre mouvement des parties claires du corps, donc du visage et plus encore des mains qui se trouvent à la hauteur de ses yeux. Les chevreuils n’étant pas susceptibles, à l’inverse des lièvres par exemple, de se trouver menacés par des prédateurs volants, ils ne regardent en effet jamais vers le haut mais toujours à leur propre niveau. Les gants s’avèrent donc indispensables même par temps doux et le siège de battue, si le chasseur en utilise un, doit être suffisamment haut pour que le visage surmonte le plus possible le regard de l’animal. Il importe également de ne jamais diriger le regard droit vers les yeux d’un chevreuil, mais toujours avec un peu d’angle, car sinon il le perçoit immédiatement et se déroute aussitôt. Le mieux est en outre, au moindre signe d’approche, même si l’animal semble encore assez éloigné, de se lever doucement, de tourner le dos à la traque, de se fier à ses seules oreilles pour savoir où le chevreuil va surgir, et de se figer jusqu’à ce qu’il ait largement franchi la ligne. 

La maîtrise

Même si le tir du chevreuil est moins difficile au fusil qu’avec une carabine, il demande un bon contrôle de soi. Il faut s’interdire une visée de l’arrière, au risque de blesser l’animal en pure perte ou à l’opposé d’en détruire les gigues. Pour que le tir s’avère parfaitement efficace, il ne doit pas s’effectuer à plus de 30 mètres sur un animal de profil ou de quasi-profil, et pas au-delà de 20 mètres sur un animal plutôt de face, situation au demeurant très rare. Le chasseur ne doit donc pas se laisser emporter par l’émotion du moment. Il doit également, dans la mesure du possible, anticiper la direction dans laquelle son tir va s’effectuer, afin de placer son pied gauche (pour un droitier) dans l’axe approximatif attendu de ce tir, son pied droit étant positionné bien en arrière avec un angle (en fait très naturel) d’environ 60°. Il doit lever et épauler son fusil calmement, en se tenant beaucoup plus droit que pour le tir d’un petit gibier et en répartissant son poids à peu près à égalité sur ses deux jambes. Puis viser tranquillement l’animal avant de presser progressivement la détente, là-encore sans se laisser dominer par son émotion, en tenant compte enfin qu’un chevreuil courant de profil en sous-bois à une vingtaine de mètres nécessite de « corriger » la visée vers l’avant de 30 à 40 centimètres, et plutôt 50 centimètres s’il est sorti en terrain découvert, ce que beaucoup de chasseurs, même chevronnés, oublient souvent dans le feu de l’action…

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