Hopp-Hase : programme en faveur du lièvre brun
Que faire pour enrayer le déclin du lièvre brun ? A Bâle-Campagne comme ailleurs, les populations diminuaient d’année en année, au point que les chasseurs du canton ont décidé d’un moratoire en 1984 déjà.
La tendance s’est désormais inversée et le biologiste Nicolas Martinez est venu présenter le bilan de Hopp-Hase aux Breuleux, lors de l’Assemblée de la Fédération cantonale jurassienne des chasseurs le 9 mars.
Plusieurs facteurs
Hopp-Hase a été lancé par les chasseurs et les écologistes bâlois. Mené de 2007 à 2017, ce programme a permis de stabiliser puis de faire augmenter les populations de lièvres. Mais avant d’agir, il a d’abord fallu comprendre pourquoi il y en avait si peu. Les comptages effectués en automne et au printemps ont montré que les adultes passaient bien l’hiver. Très peu étaient victimes de la route et il n’y avait aucun besoin de nourriture supplémentaire non plus.
Le problème se situait donc au niveau des jeunes, mais il était impossible d’agir sur le premier facteur de mortalité identifié, à savoir la météo. Les levrauts grandissent en effet dans un simple creux et pas à l’abri d’un terrier, comme les lapins. Le froid et la pluie sont donc meurtriers.
Le second facteur est le fauchage des prairies, mais faucher plus haut n’a pas eu d’effet. Les machines font d’autres passages pour ramasser le foin, qui tuent les levrauts qui auraient échappé au fauchage, cela d’autant plus que lors des premières semaines de vie, les petits ne cherchent jamais à s’enfuir. Ils restent parfaitement immobiles, pour se camoufler.
Les prédateurs sont la troisième cause de mortalité, en particulier les renards, les corneilles et les chats. Tous longent volontiers les chemins et les haies, ce qui réduit à zéro les chances de survie des levrauts situés au bord d’un champ ou d’une jachère. En revanche, le taux de survie est bon à l’intérieur des champs de céréales et de betteraves, ainsi que dans les jachères appropriées.
Réponses variées
La solution retenue par Hopp-Hase a été de faire en sorte que les prédateurs trouvent moins facilement les jeunes. Au lieu d’avoir des jachères en longues bandes étroites, comme c’est souvent le cas, on privilégie de larges rectangles, afin d’avoir une zone centrale étendue. La jachère idéale est celle entièrement entourée de champs, sans aucune haie ou chemin qui y mène.
En soi, on ne note aucune préférence du lièvre pour s’installer au bord ou au contraire au centre d’un terrain, mais les semis de céréales denses rendent les champs inaccessibles à partir de fin avril, c’est-à-dire au printemps, le moment où il y a le plus de naissances.
La seconde solution mise au point grâce à Hopp-Hase est donc un semis à 60 %, qui donne le 80 % à 100 % d’une récolte issue d’un semis dense. Moins nombreux, les épis se développent en effet mieux.
Désormais, les paysans reçoivent un soutien financier pour semer de façon moins dense à Lucerne, Zurich, Bâle-Campagne et Argovie. Ces deux derniers cantons apportent aussi un soutien financier supplémentaire pour les jachères favorables aux lièvres.
Le cas jurassien
Le déclin du lièvre fait partie d’un problème plus général, puisque toutes les espèces inféodées aux milieux agricoles sont en difficulté. Membre de la commission pour le lièvre, Etienne Dobler a apporté un éclairage jurassien sur la question lors de l’Assemblée.
Dans le Jura aussi, les populations de lièvres déclinaient inexorablement, au point qu’un premier moratoire avait été décidé en 1995. Il a duré cinq ans, sans résultat. Après une reprise de la chasse, un nouveau moratoire a été décidé en 2010. Il a cette fois-ci été assorti d’un groupe de travail sur le lièvre brun, avec des représentants de Pro Natura, du WWF et de la Fédération des chasseurs.
Hopp-Hase a ainsi été invité à venir partager ses méthodes. Le Jura s’en inspire et y ajoute d’autres mesures, comme la gestion des prédateurs, avec l’installation de pièges à corneilles et des permis de tir. Des réserves de repeuplement sont également prévues mais il s’agit encore, pour celles-ci, de musique d’avenir.
Si la météo défavorable a anéanti tous les efforts pendant des années dans le canton, le bilan actuel est plus réjouissant. Dans le pire des cas, les populations ont été stabilisées et elles augmentent légèrement à certains endroits. Les mesures spécifiques en faveur du lièvre ont été abandonnées là où elles ne donnaient pas de résultats, pour se concentrer sur les deux secteurs les plus favorables. La région de Coeuve – Vendlincourt est le premier terrain intéressant, avec en plus un potentiel d’amélioration. La zone située au nord du village de Courfaivre est également propice car l’agriculture biologique y est beaucoup pratiquée, avec des céréales clairsemées.
Texte Hélène Koch, photos Hintermann Weber AG / Hopp-Hase