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APPRENDRE LES MÉTIERS DE L’ARMURERIE À SAINT-ÉTIENNE

APPRENDRE LES MÉTIERS DE L’ARMURERIE À SAINT-ÉTIENNE
Le Lycée Benoît Fourneyron, à Saint-Etienne en France, est avec l’école de Liège en Belgique une des écoles les plus réputées pour la formation des métiers liés aux armes.

Texte de Francis Grange

 

Tous les grands centres armuriers européens historiques ont mis en place, souvent depuis plusieurs siècles, des filières de formation. La transmission des savoirs, l’expérience et le savoir-faire en matière de fabrication des fusils et des carabines sont ainsi assurés. Deux centres se sont imposés comme référence dans ce domaine au fil de l’histoire. Liège, en Belgique, avec sa légendaire École d’armurerie Léon Mignon… et Saint-Etienne, en France, avec son prodigieux Lycée des métiers de l’armurerie Benoît Fourneyron.

Une question de géographie

Lorsque les premières armes à feu portatives, les « traits à poudre » ou « bâtons à feu », alors exclusivement destinées au combat, apparaissent au début du XVe siècle, leur production naissante se saupoudre sur à peu près toute l’Europe. Cette situation demeure inchangée jusqu’à l’émergence, à l’extrême fin du même siècle, de l’arquebuse à serpentin qui commence à intéresser également les chasseurs. Sa technique beaucoup plus complexe que celle du trait à poudre conduit à en concentrer la fabrication sur des sites déjà hautement expérimentés dans le travail du métal, singulièrement la confection d’outils pour l’artisanat et l’agriculture, établis à proximité immédiate de gisements de minerai de fer, la matière première indispensable à leur élaboration. Ils doivent de surcroît y ajouter, pour la confection des armes, la présence de gisements de charbon, et celle de rivières et de forêts. Les armes de chasse nécessitent en effet, outre du fer pour façonner leurs canons et leurs mécanismes, du charbon pour alimenter les forges où sont élaborés ces composants, de l’eau pour actionner les moulins qui communiquent leur mouvement aux machines rudimentaires (soufflets de forges, meules à canons…) équipant les ateliers, et du bois pour la fabrication des crosses et des devants des arquebuses. C’est ainsi qu’émergent dès le XVIe siècle de puissants centres armuriers comme Birmingham en Angleterre, Brescia en Italie, Ferlach en Autriche, Liège en Belgique, Saint-Etienne en France, Suhl en Allemagne ou Toula en Russie. Les différents savoir-faire intervenant dans la réalisation d’une arquebuse s’y rassemblent, s’y aiguisent de leurs échanges et de leur complémentarité, s’y transmettent de maîtres expérimentés en apprentis avides de les acquérir. Cette effervescence débouche sur la création à partir de la fin du XVIIIe siècle de véritables écoles spécialisées, dont les deux plus actives existant encore, qui forment une large partie des armuriers du continent européen et même au-delà, sont celles de Liège et de Saint-Etienne, à laquelle nous nous intéressons tout particulièrement aujourd’hui.

Le Lycée Benoît Fourneyron

Après de multiples pérégrinations, l’École d’armurerie de Saint-Etienne s’installe en 1968 dans les locaux du Lycée professionnel Benoît Fourneyron, qu’elle ne quitte plus ensuite. Il s’y rencontre toutes les connaissances et tous les savoir-faire sans cesse affinés, perfectionnés, enrichis depuis cinq siècles qui ont forgé la réputation mondiale de la cité. Les industriels apportent leurs techniques, tels Verney-Carron, dont l’origine remonte à l’installation en 1650 au cœur de la ville de Guy Verney, alors âgé de 25 ans, comme « faiseur de fusils » (essentiellement connu de nos jours pour son fameux superposé Sagittaire introduit en 1967, déjà vendu à plus de 250 000 exemplaires et toujours bien sûr en production), ou Chapuis Armes, fondé en 1950 par Jean Chapuis à Saint-Bonnet-le-Château, un village établi à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Saint-Etienne, qui constitue aujourd’hui le plus important fabricant mondial de carabines express. Les artisans et les ouvriers transmettent, eux, leur maîtrise qui s’élève aux confins de l’art, tels Jean-Charles Savin, distingué Meilleur Ouvrier de France dans deux disciplines, ou Thierry Murgue, Meilleur Ouvrier de France dans l’exercice particulièrement délicat de la monture. Les industriels accueillent et accompagnent durant leur apprentissage les élèves du lycée. Les artisans et les ouvriers interviennent directement comme formateurs au sein de l’établissement. Le Lycée Benoît Fourneyron dispose d’outillages, de machines et de moyens de conception informatique d’une qualité exceptionnelle. Les élèves, qui ont tous préalablement suivi une formation de base au travail du métal ou du bois, sont sélectionnés sur dossier et entretien, leur passion pour le métier, leur soif d’apprendre et leur quête de l’excellence constituant les critères décisifs pour leur admission. Le lycée compte trois filières : une où la formation s’effectue intégralement dans ses ateliers, une où l’apprentissage se réalise en alternance à raison d’un quart du temps dans ses murs et trois quarts en entreprise. Toutes deux conduisent au certificat d’aptitude professionnelle en armurerie ; une enfin où la composante artistique du métier est particulièrement mise en exergue, dont l’accès est encore plus exigeant que pour les deux premières, qui débouche sur le Brevet des métiers d’Art en armurerie.

L’individu en primauté

Les élèves accèdent à la formation d’excellence dispensée au sein du Lycée Benoît Fourneyron essentiellement grâce à leur personnalité et à leur désir d’acquérir la plus haute compétence imaginable. Tous les enseignements y sont diffusés dans cet esprit, avec une mention particulière pour la filière aboutissant au Brevet des métiers d’Art. Chaque élève doit y concevoir et réaliser une œuvre unique sur la base d’une arme basculante ou d’un boîtier Mauser 98, en y intégrant un thème artistique et au moins une innovation technique. Ce projet, qui implique un investissement personnel considérable et une persévérance à l’identique, garantit ensuite leur toute meilleure insertion au sein du monde professionnel. Ils peuvent en outre concourir l’année suivant leur sortie de l’école pour le Trophée des Arquebusiers où ils présentent un chef-d’œuvre devant un jury de professionnels de l’armurerie et de personnalités du monde de la chasse. Le lauréat rejoint presque toujours ensuite un atelier figurant parmi les plus prestigieux au monde. Tous les élèves qui le souhaitent peuvent en outre participer aux grandes manifestations publiques ou professionnelles liées à la chasse ou au tir, telles le Game Fair en France ou l’IWA en Allemagne, qui leur permettent d’établir des liens privilégiés avec leurs futurs employeurs. A l’issue de leur formation, les destinations où ils sont les plus demandés, quelle que soit leur propre origine géographique, sont l’Allemagne, la France, l’Italie… et la Suisse !

 

 

 

École d’armurerie de Saint-Etienne
Lycée Benoît Fourneyron

Adresse : 24 rue Virgile, 42 100 Saint-Etienne – France
Téléphone : 0033 4 77 46 30 50
E-mail : ce.0420958n@ac-lyon.fr
Site (information, candidature…) :
benoit-fourneyron.ent.auvergnerhonealpes.fr
Film de présentation :
tube.ac-lyon.fr/w/ksc8GTL9LkzTcSmzyPmnpg

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