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Tirer les deux yeux ouverts

Tirer les deux yeux  ouverts

S’il n’est pas instinctif, le tir avec les deux yeux ouverts n’en est pas pour autant moins efficace. Bien au contraire, en agrandissant le champ de vision il permet de mieux apprécier la course de l’animal et d’améliorer, par la même occasion, la sécurité.

Dès qu’il s’agit d’aligner trois points dans l’espace au travers d’un dispositif de visée, l’œil non directeur se ferme spontanément. Pourtant, ce réflexe n’est pas forcément garant d’un résultat optimal.

Que des avantages

Le fait de tirer les deux yeux ouverts présente plusieurs avantages. Un premier intérêt, il agrandit indéniablement le champ de vision au moment du tir. Lorsque l’animal visé est en pleine course, garder les deux yeux ouverts permet de mieux apprécier sa vitesse de déplacement et sa situation dans l’espace. En effet, le second œil ouvert apporte une espèce de troisième dimension au champ visuel. D’autre part, le fait d’agrandir la scène qui entoure l’animal induit automatiquement une meilleure prise en compte de l’ambiance générale. En d’autres termes, le chasseur perçoit nettement mieux ce qu’il y a autour de l’animal – des arbres, des obstacles et, éventuellement des personnes. La sécurité se trouve donc considérablement améliorée grâce au tir avec les deux yeux ouverts.

Du point de vue du tir proprement dit, deux cas de figure peuvent se présenter. En effet, la difficulté n’est pas la même selon que le tir se fait avec ou sans optique. En visée ouverte, c’est-à-dire en utilisant seulement la hausse et le guidon, l’œil non directeur a toujours tendance à se fermer et à obliger l’autre à aligner parfaitement la ligne de mire. C’est du temps perdu car, par définition, et si l’arme est bien mise à la conformité du tireur, la hausse et le guidon sont parfaitement dans l’axe de l’œil directeur. L’autre œil peut donc rester ouvert pour élargir le champ de vision.

Les «point rouge» sont particulièrement adaptés au tir avec les yeux ouverts.

Micro H1 g

Combattre son instinct

Les optiques de type «point rouge» illustrent parfaitement cette situation où il n’y a qu’un point à positionner sur la cible, l’œil directeur suffit à cette tâche, l’autre peut alors apprécier le reste du champ visuel. Dans le cas de l’utilisation d’une lunette de battue, il est préférable de choisir un produit doté d’un point rouge afin «d’attraper» le plus rapidement possible la visée.

Avec un grossissement variable de 1 à 8 et un point rouge très lumineux, la lunette Exos de Schmidt et Bender correspond tout à fait au principe du tir avec les deux yeux ouverts.

Exos

Avec ou sans optique, le plus difficile est de combattre son instinct. Fermer un œil correspond à un réflexe ancestral de l’humain. En effet, le corps cherche systématiquement à favoriser son œil directeur. Il n’est donc pas aisé de tirer les deux yeux ouverts. Avec un peu d’entraînement, on y parvient tout de même. En effet, si l’on n’arrive pas à laisser le second œil ouvert, il faut se donner un léger temps de réflexion avant de tirer. Ce petit truc permet au conscient de s’imposer par rapport au subconscient. Cela permet surtout de bien contrôler le fait que le second œil est ouvert. En répétant ce geste des dizaines de fois, le temps se raccourcit et le tir les deux yeux ouverts devient presque instinctif. On peut d’ailleurs se faire filmer au moment où l’on tire, cela permet de bien contrôler que les deux yeux restent ouverts. En effet, on croit parfois avoir tiré les deux yeux ouverts mais, au dernier moment, l’œil non directeur se ferme, perdant ainsi tout l’intérêt de garder un champ visuel élargi. Vient alors une question: comment s’entraîner?

Position du corps

Pour bien s’entraîner à tirer les deux yeux ouverts, la meilleure solution est de faire quelques parcours de chasse. Cette discipline qui se pratique avec un fusil à canon lisse présente l’avantage de tirer sur des cibles en mouvement qui partent un peu dans toutes les directions. On perçoit donc très vite l’intérêt de garder les deux yeux ouverts. D’autre part, ces séances de tir apportent de la souplesse et une aptitude à placer son corps dans toutes les positions. En effet, la principale source de «ratés» provient de la mauvaise position du corps au moment du tir. Sur ce point, en ouvrant le champ visuel, le tir avec les deux yeux ouverts permet de mieux anticiper le déplacement de l’animal et d’éviter par la même occasion un splendide tir manqué. En fait, le tir avec les deux yeux ouverts apporte une grande dynamique dans l’action des épaules et une meilleure perception de l’environnement de l’animal. De plus, cette technique permet, sans mauvais jeu de mots, de garder un œil sur l’animal après le tir. L’observation de la réaction de la bête à l’impact de la balle et la direction de son éventuelle fuite s’en trouvent donc largement facilitées.

Le tir les deux yeux ouverts nécessite un peu d’entraînement. Cependant, cela en vaut la peine au regard de l’efficacité que cette technique apporte tant en matière de résultats que de sécurité vis-à-vis des personnes.

Texte et photos Daniel Girod

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