Sélectionner une page

ENGAGEMENT POLITIQUE ET POUR LA CHASSE UNE PLUS-VALUE POUR LA FSVD

ENGAGEMENT POLITIQUE ET POUR LA CHASSE  UNE PLUS-VALUE POUR LA FSVD
Alexandre Berthoud a été élu à la présidence de la FSVD au printemps dernier. Député au Grand Conseil du canton de Vaud, il considère son engagement pour la chasse comme parfaitement complémentaire à sa fonction politique. Interview d’un homme de terrain qui ne pratique pas la langue de bois.

Propos recueillis par Vincent Gillioz

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots? 

J’ai 47 ans, je vis à Neyruz-sur-Moudon, près de Thierrens sur le plateau du Jorat. Je suis père de famille, fils de chasseur et ma passion pour la chasse s’inscrit dans une tradition familiale. J’ai vingt-sept permis à mon actif. J’ai débuté ma formation à 18 ans, et j’ai chassé juste après mon école de recrue. Je suis également membre de la section de Cossonay depuis mes 17 ans, et j’ai été caissier de celle-ci durant une quinzaine d’années. Je suis surtout un chasseur de grand gibier, notamment le chevreuil et le sanglier. Mais j’ai à cœur de défendre toutes les chasses.

Professionnellement, j’ai fait ma carrière dans le milieu bancaire : apprentissage, brevet, diplôme d’expert en économie bancaire… Aujourd’hui, je suis responsable de la région Nord vaudois pour la BCV.
Côté politique, je suis député au Grand Conseil depuis 2012, où parmi de nombreux dossiers, je défends et soutiens activement la chasse. J’ai présidé d’ailleurs le groupe chasse au cours de la précédente législature. Dans le cadre de ce groupe, nous organisons régulièrement des réunions avec l’ensemble des députés et le comité de la FSVD. La prochaine rencontre aura lieu le 10 septembre avec au menu le sanglier à la broche.

Comment en êtes-vous venu à présider la FSVD?

J’ai toujours été assez proche de la FSVD, par relation, par mon engagement auprès de ma section et sur les dossiers politiques, par exemple lors de la votation sur la Loi sur la chasse où les sections de la Diana ont fait un travail formidable. Lorsque Charles-Henri de Luze a fait part de son souhait de ne pas poursuivre, plusieurs membres de ma section m’ont incité à déposer ma candidature. Certains ont souhaité me suivre comme Christian Grobéty et Enrique Rodriguez, et ils font maintenant partie du bureau. J’ai été élu lors de l’Assemblée du 23 mars dernier. Il y a eu en même temps de gros renouvellements au sein de l’ensemble du comité. De nombreux présidents de région ont changé à la même période. Nous repartons avec une équipe largement renouvelée, et ça se passe très bien.

À ce stade, tirez-vous un premier bilan de votre présidence?

L’objectif de la FSVD est de fédérer, comme son nom l’indique. À ce stade, je peux dire que nous remplissons notre mission. La collaboration au sein du comité est excellente et nous évoluons dans une très bonne dynamique. Tout le monde s’exprime librement, les échanges se font dans le respect, et il n’y a aucune dissension entre nous. La FSVD compte dix-huit sections, et cinq régions : la Broye, le Jura, le Plateau, les Alpes et La Côte. Le comité est composé de quatre membres du bureau, et d’un représentant de chaque région, chacun avec un dicastère, comme le petit gibier, la communication, la formation, etc. Nous nous rencontrons tous les deux mois environ et toutes les décisions se prennent de manière collégiale. Entre les séances, j’organise également des réunions bilatérales. Les présidents de sections sont aussi régulièrement consultés. Cette belle activité prend du temps, mais je la fais avec passion et plaisir.

Que pouvez-vous nous dire de vos relations avec l’État?

C’est probablement notre plus grand défi. Comme vous le savez, le conseiller d’État en charge de la Direction générale de l’environnement (DGE), qui s’occupe de la chasse, est un Vert. Malgré sa couleur politique, la collaboration et le partenariat devrait être au rendez-vous, mais ce n’est malheureusement pas le cas. Il écoute plus facilement les associations écologistes, mais il ne nous considère pas comme des interlocuteurs crédibles, comme de vrais protecteurs de la nature. C’est regrettable et j’ai l’espoir que cela devrait changer. Le but des idéologues écologistes est de nous reléguer au rôle de régulateurs, et leur rêve ultime est même de transférer ce rôle aux grands prédateurs. La chasse passion, de tradition, n’est pas un sujet pour eux, c’est aussi pour cette raison que nos relations sont compliquées.

Un exemple me vient rapidement à l’esprit, nous avons fait quatre propositions pour la directive de cette saison, soit : pouvoir tirer les biches en septembre au Jura ; permettre la pratique de la chasse du lièvre tout le mois d’octobre ; permettre le prélèvement de bouquetins dans les Alpes en 2024 ; et maintenir le tir  d’un contingent de cent huitante chamois dans les Alpes. Toutes nos propositions ont été refusées, sans aucune argumentation. On nous a accordé cent septante chamois, sans tenir compte des comptages qui sont très favorables.

La seule « victoire » que nous avons obtenue, de guerre lasse, c’est de pouvoir conserver le plomb pour la chasse au chevreuil à la grenaille. La chasse aux chiens courants aurait été mise en péril, si nous n’avions pas obtenu cette dérogation. Mais l’énergie investie pour obtenir ce droit a été considérable.

Le problème, c’est qu’il y a quelques cadres dans l’administration cantonale qui imposent leur idéologie, sans consulter les acteurs de terrain. L’entrée en force du règlement relatif à la cueillette des champignons illustre parfaitement ce mode de fonctionnement. Et je peux vous dire que bien que je ne sois pas particulièrement intéressé par les champignons, je vais me battre contre cette mesure au niveau politique, afin qu’un retour en arrière soit opéré. Je vais donc travailler avec vigueur au niveau politique afin que nous puissions être entendus.

 

Un récent article du Temps révélait que l’État de Vaud venait de déposer plainte contre des activistes proloups pour entrave à la mission de l’État. Cest plutôt bon signe, venant justement dun Vert?

Je considère que c’est une micromesure qui est arrivée beaucoup trop tard. Le conseiller d’État n’avait en fait pas le choix vis-à-vis de son personnel qui opère sur le terrain, et qui subit des attaques régulières. Il a été obligé de réagir. Je tiens à ajouter que nos relations avec les représentants de l’État qui sont sur le terrain, les gardes ou le vétérinaire cantonal, sont en général bonnes, et que nous pouvons dialoguer de manière constructive.

Au-delà des relations avec l’État, quels sont les défis de la chasse vaudoise?

Comme je l’ai dit, c’est de fédérer et d’écouter les besoins de chaque section, qui sont différents en fonction de ses réalités. Nous avançons dans le bon sens. La communication est également un dossier important, en interne comme à l’externe. Nous avons créé une newsletter, et informons très régulièrement via les présidents de section afin que tout le monde puisse être au courant de nos travaux et des dossiers en cours. À l’externe, nous préparons un plan de communication, car il faut que le public, mais surtout les autres utilisateurs de la nature, comprennent mieux ce que nous faisons. Nous avons commencé à créer des ponts avec des « partenaires », notamment les agriculteurs et les forestiers. Mais nous devons aussi travailler avec les pêcheurs, les champignonneurs, les randonneurs, tous les usagers de la nature qui la connaissent.

À ce titre, Diana Romande prépare un plan de communication romand appelé «Sentinelle de la nature», dans le but de fédérer les diverses actions des Dianas dans ce domaine, quen pensez-vous?

La régale de la chasse est cantonale, et les préoccupations sont différentes dans chaque canton. Les défis de Neuchâtel, de Fribourg, du Jura ou du Valais ne sont pas les mêmes que les nôtres. Je pense que l’idée de profiter des actions de chacun est bonne, mais pour l’instant j’ai besoin de mieux comprendre ce projet, et de savoir ce qu’il peut nous apporter. De plus, il est assez coûteux, et je suis évidemment attentif aux questions financières. Donc j’ai besoin d’en savoir plus pour prendre position, mais les travaux sont en cours avec le comité de Diana Romande auquel nous participons pour trouver le meilleur chemin à prendre.

Finalement, que pensez-vous du rôle de Diana Romande en général, et de la revue Diana, chasse et nature?

Je pense que beaucoup de chasseurs ne se sentent pas vraiment concernés par Diana Romande, ni par ChasseSuisse d’ailleurs. Je peux comprendre, les gens ne s’inquiètent souvent que de ce les concerne de près. Mais ces organisations sont évidemment importantes et nécessaires, et elles apportent beaucoup, notamment au niveau des échanges et pour faire entendre notre voix au-delà du canton et en particulier à Berne.

Pour ce qui est de la revue, je suis lecteur depuis que je suis en âge de lire, car la Diana faisait partie des abonnements de la famille. C’est le bras armé de Diana Romande, et j’ai toujours beaucoup de plaisir à la lire. Je ne peux qu’encourager tous les chasseurs non abonnés à y souscrire, c’est un outil de communication important, et nous allons travailler à intégrer plus d’informations relatives aux projets vaudois dans les pages cantonales.

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Catégories